Affaires publiques et gouvernementales23 janvier 2017

Allocution de Lucien Bouchard – 23 janvier 1997

Présentation du livre blanc Les enfants au cœur de nos choix

Texte tiré du site Archives politiques du Québec

Madame la ministre de l’Éducation, responsable de la politique familiale,
Mesdames et messieurs, représentants d’organismes familiaux, des services de garde et du milieu de l’éducation,
Chers invités,

LB1996Je suis très fier de participer avec vous ce matin à la présentation de la nouvelle politique familiale. Le document que nous rendons public aujourd’hui, intitulé « Les enfants au cœur de nos choix », revêt une importance toute particulière pour mon gouvernement et moi-même. Ce Livre Blanc donne suite à l’engagement pris au Sommet sur l’économie et l’emploi où nous avions fait connaître les grands paramètres des réformes que nous voulons apporter à la politique familiale.

J’en rappellerai les principaux axes et laisserai la ministre responsable faire une présentation plus détaillée des mesures proposées. Je veux d’abord souligner les principales orientations du gouvernement sur le plan social et de la façon dont la nouvelle politique familiale permettra de concourir à la réalisation de nos objectifs sociaux-démocrates.

1. Le choix des enfants

Notre motivation première répond à une exigence simple et incontournable : le développement des enfants et l’égalité des chances. Comme l’indique de façon éloquente le titre même du document, nous plaçons résolument les enfants au cœur de nos choix.

Les enfants constituent notre première richesse, ils sont l’avenir de la société québécoise. Notre responsabilité, c’est de tout mettre en oeuvre pour leur assurer les meilleures conditions de départ et faire en sorte qu’ils puissent bénéficier, dans toute la mesure du possible, des mêmes chances de succès et de réussite dans la vie.

Ce choix prioritaire en faveur des enfants, nous l’avons déjà exprimé de plusieurs façons, notamment en implantant un régime de perception automatique des pensions alimentaires. Nous avons également procédé à la défiscalisation des pensions alimentaires qui ne seront plus assimilées à un revenu imposable pour les personnes qui les reçoivent et qui sont, dans la très grande majorité des cas, des femmes.

(…)

Je ne saurais terminer ce survol de l’action gouvernementale, menée au bénéfice des enfants, sans évoquer brièvement la réforme de l’éducation. Au terme des États généraux, la ministre a fait connaître ses grandes orientations. Essentiellement, il s’agit d’améliorer la qualité de la formation donnée aux jeunes, d’assurer le succès du plus grand nombre et de mieux les outiller pour qu’ils puissent se bâtir un avenir à leur mesure. Une des dimensions importantes de ce chantier réside dans l’accent mis sur le développement des services à la petite enfance, dans la perspective d’égalité des chances. Cela rejoint l’un des trois grands volets de la politique familiale.

2. La politique familiale

LBOn aura compris de ce bilan sommaire que les nouvelles dispositions de la politique familiale s’inscrivent dans un continuum d’action en faveur des enfants et des familles. Le gouvernement reconnaît aux parents la responsabilité première de subvenir aux besoins de leurs enfants et il entend créer les conditions propices à l’exercice de cette responsabilité.

(…)

Puis, surgit rapidement le besoin de services de garde en milieu familial ou en garderie. Le Québec a effectué, depuis une quinzaine d’années, un rattrapage important dans ce domaine. Mais les besoins sont encore loin d’être comblés. Les services offerts demeurent insuffisants, discontinus et assez coûteux. Le gouvernement entend donner un vigoureux coup de barre pour assurer à tous les enfants l’accès à des services de garde de qualité, et moyennant une contribution raisonnable, soit 5 $ par jour.

Cet investissement collectif, nous le faisons d’abord pour les enfants, pour leur assurer les meilleures chances de réussite. Les effets bénéfiques pour les enfants de programmes de stimulation précoce sont largement démontrés. D’ailleurs, il ne s’agit pas tout de suite de scolariser les enfants, mais bien de les placer en situation d’apprentissage et d’éveil par le jeu et différentes activités éducatives.

Il est également prouvé que de tels programmes ont un effet particulièrement positif pour les enfants des milieux défavorisés. Une intervention en bas âge diminue les risques liés aux problèmes d’apprentissage et de comportement, elle réduit les probabilités de décrochage. Nous allons donc concentrer nos efforts auprès de ces enfants qui se retrouvent dans des conditions matérielles précaires. Ainsi seront offerts aux enfants de 4 ans de milieux défavorisés des services éducatifs etou de garde gratuits, qui viennent s’ajouter à la maternelle à temps plein pour tous les enfants. En outre, la mise en place de centres intégrés de services à la petite enfance permettra de contrer la dispersion actuelle au profit d’une meilleure coordination et d’un regroupement de l’offre de services en ce domaine. Madame Marois reviendra sur ce sujet dans quelques instants.

(…)

Conclusion

J’aimerais ici réitérer le principe sur lequel repose notre action en faveur des familles: la responsabilité première des parents vis-à-vis leurs enfants. L’État n’entend pas se substituer aux parents mais mieux les épauler dans cette tâche, à la fois si belle et exigeante. Le gouvernement n’impose pas ses choix aux parents. Nous croyons cependant qu’il est de son devoir de s’assurer que les besoins essentiels des enfants trouvent satisfaction, et d’y suppléer lorsque nécessaire.

Nous devons également faire en sorte que les services de garde soient stimulants, accessibles, plus aptes à soutenir les parents dans leur mission d’éducation et de développement des enfants.

Le gouvernement a la responsabilité de faciliter la mise en place de conditions pour assurer la sécurité économique des femmes et par conséquent des enfants, dans le respect du choix des parents d’utiliser ou non les services offerts en support à la conciliation travail-famille. L’État n’a pas à encourager une certaine culture de la dépendance. Lorsque les trois quarts des mères chefs de familles monoparentales sont à l’aide sociale, il faut s’interroger. Il faut leur donner les outils pour en sortir et retrouver la voie de l’autonomie financière; il faut donner à leurs enfants les meilleures chances de partir du bon pied. En somme, il faut donner à tous les enfants du Québec les meilleures chances de s’épanouir, en tant qu’êtres humains à la fois complets et en devenir. Nous pouvons y parvenir si nous plaçons les enfants au cœur de tous nos choix. Merci.